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jeudi 31 mars 2011

Paracha Tazria : la naissance



Trois clés sont entre les mains du Tout Puissant lui-même et n'ont été remises à aucun ange : la naissance, les pluies et la résurrection des morts. Le Tout Puissant dirige personnellement et sans intermédiaire ces trois domaines selon nos mérites et nos prières, au niveau collectif et individuel.


Un émerveillement

Il existe des gens qui voient dans la naissance un phénomène tellement naturel qu'ils n'y prêtent plus aucune attention et manquent une occasion de s'émerveiller devant les oeuvres divines. D'une simple goutte, D.ieu crée une multitude de cellules qui composent le corps humain : véritable chef d’œuvre inégalé muni de l’ordinateur le plus performant : le cerveau. Déjà dans le sein de sa mère, le fœtus est comme un livre replié ; au-dessus de sa tête brûle une lumière, il voit le monde d'un bout à l'autre et il passe son temps à étudier la Torah qu'un ange lui fait oublier en le frappant sur la lèvre supérieure quand il est sur le point de naître (Nidda 30).

Ces paroles de Rabbi Simlaï rendent compte d'une réalité que la science a mis des siècles à découvrir et à confirmer. Dans le fœtus existent déjà en puissance toutes les facultés et les potentialités du futur enfant. L'être humain ne connaît durant sa vie terrestre, aucun moment aussi heureux que celui où il se trouve dans le sein maternel. Si un ange lui fait oublier la Torah à sa naissance à quoi bon la lui avoir enseignée? C’est pour que l'homme ait le mérite de revenir à la source et fasse Techouva, repentance. Quand l'homme réapprend la Torah, il découvre qu'il a été créé en dernier, après les animaux sauvages et les volatiles. En réalité, l'âme était préexistante à la création et seul le corps fut formé le sixième jour. Cette précision confère à l’homme une valeur symbolique: si l'orgueil lui gonfle le cœur, on lui rappelle qu'un puceron l'a précédé dans l'ordre de la création. De ces considérations, nos Sages expliquent la place de la Parachah Tazria, après la description des animaux purs et impurs.

Ramban donne une signification différente basée sur les conditions psychophysiologiques de l'enfant au moment de la naissance: si ses parents se préoccupent de pureté et ne consomment que des choses pures, l’enfant disposera des qualités et des vertus que symbolisent ces animaux purs: sobriété, bonté, intégrité morale, toutes vertus décrites à propos des signes des animaux purs, sabots cornés et fendus et pouvant ruminer. Le sacrifice offert par la femme au jour de sa purification, après l’heureux événement de la naissance d'un enfant, peut être compris comme un hommage rendu à l'Eternel.


Aimer, c’est donner

Lorsqu'une femme a conçu et enfanté un garçon, elle sera impure durant 7 jours (Lev 12,2). Seule la femme devient impure, pas l'enfant. L'âme étant pure dès la naissance, elle n'est entachée d'aucune impureté rituelle. La source de toute impureté, c'est la mort. Le cadavre d'un homme est considéré comme impur, parce que l'âme pure et sainte qui l'animait l'a abandonné. L'âme est le symbole de la présence divine et de la vie.

Or, nous savons que trois associés président à la naissance d'un enfant: le père, la mère et D.ieu. Au moment de cette naissance l'Eternel se retire et confie l'enfant aux soins des parents. L'impureté de la femme est causée par le retrait de D.ieu (Rabbin Schwartz).

Ramban est d'avis de rechercher l'origine de l'impureté dans les lois physiques et morales. La naissance d'un enfant est conditionnée par l'esprit de sainteté dans lequel s'unissent les époux au moment de leur relation conjugale. Ramban rappelle que l'intimité conjugale est un noble et bel acte de sanctification, dans la mesure où l'on éloigne de son esprit toute pensée vulgaire et impure. L'union physique des époux contribue à l'harmonie des cœurs. Le terme employé par la Torah pour parler de cette union est le verbe « connaître ». Quand la Torah dit « Adam connut sa femme Eve », elle exprime une notion d'intimité dont le prélude est fait d'amour, de la recherche des besoins de l'autre. La connaissance suppose une recherche, une curiosité. Lorsque l'union de l'homme et de la femme se déroule dans un esprit de sainteté, les deux conjoints éloignent de leur cœur et de leur esprit toute idée d’égoïsme et d’égocentrisme pour conférer à leur acte une dimension plus noble, plus élevée, entièrement dirigée vers l'autre.

Le verbe « Véahavta, tu aimeras » vient de la racine « hav » signifiant « donner ». Le véritable amour est d'abord abnégation. Plus on donne à autrui, plus on l’aime.

Tenir compte des besoins et des goûts du conjoint, voilà le secret du bonheur dans le couple.


Grand Rabbin Jacques Ouaknin

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