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vendredi 8 avril 2011

Paracha Metsora : la lèpre



"Lorsqu'il se forme sur la chair d’un homme une tumeur, une dartre ou une tache pouvant dégénérer sur cette peau en affection lépreuse, il sera présenté à Aaron le prêtre ou à l’un de ses fils" Lév 13/2. Dans tous ces chapitres du Lévitique concernant les affections cutanées pouvant entraîner l'impureté de l'homme qui en est atteint, il s'agit de manière évidente de maladies psychosomatiques, que seul le prêtre et non le médecin est à même de déceler et de guérir. La Thora affirme ici le concept d'unité, dans tous les domaines : identité de la religion, de la morale et de l'hygiène, unité de l'être humain dont le corps et l'esprit forment un tout indivisible.

Unité et harmonie dans la Création

Cette conception conduit à voir dans certaines lésions physiques dont l'homme est affecté, une origine morale ou spirituelle. Ainsi, Rabbi Yonathan déclare que des affections lépreuses affectent l'homme à la suite de 7 péchés: la calomnie, l’homicide, le parjure, la débauche, l'orgueil, le vol et la jalousie (Arakhin 16a).

Il ne s'agit donc pas d'un phénomène naturel, mais d'une intervention providentielle (Maimonide). Ces affections lépreuses ne se manifestaient d’ailleurs qu'en Eretz Israël et ont disparu depuis la destruction du Temple. En effet, le Cohen seul peut déclarer une plaie pure ou impure. La plaie ne présentera aucun caractère d'impureté aussi longtemps que le Cohen ne l’a pas déclarée impure, même si cette plaie présente tous les symptômes de la maladie. Il en est de même de la guérison. Il appartient au Cohen, seul précepteur du peuple, de réprimander le coupable et de le ramener sur le droit chemin.

A l’analyse de ce phénomène, on constate que la maladie se déclare seulement si le coupable cache son forfait au plus profond de son âme. La maladie a un rôle révélateur de la véritable nature de l'individu. D'où la thérapeutique indispensable pour faire prendre conscience à cet homme du mal qui le ronge. Le défaut profond de l'âme, pouvant provoquer l'orgueil, la haine, la jalousie ou la médisance, se manifeste sous forme de Tsara’ath, mot traduit, faute de mieux, par le terme de lèpre. L'homme lui-même peut ignorer l’existence de ce défaut profond de son âme. Grâce à la manifestation d'un signe visible, la Tsara’ath, l’homme se rend compte de son mal intérieur et peut alors se soigner et guérir.

Pour bien montrer qu'il s'agit d'un problème essentiellement moral, c'est au Cohen qu'il se présentera et non pas au médecin. La thérapeutique ne consistera pas en une administration de médicaments, mais en un isolement de la personne atteinte d’une telle lésion. La mise en quarantaine, donne au "coupable" l’occasion de réfléchir, de méditer, de découvrir l'origine de son mal et de faire repentance.


Le vrai chemin du Repentir

Nos sages font remarquer que les plaies sont souvent graduelles et que leur progression est fonction de l’aveuglement du coupable. Ainsi l’homme est d'abord touché dans sa maison, ensuite dans ses vêtements et enfin dans son corps. Lorsque l'homme consulte le Cohen, découvre la raison de son affection et se repent, les plaies cessent d’elles-mêmes dès que l'homme prend conscience de son imperfection. Malgré la disparition de ces affections lépreuses, la leçon donnée par la Torah demeure d’actualité.

"Hamétsora." peut être lu "Hamotsi ra", un lépreux n’est qu’un médisant. Les paroles mauvaises proférées de sa bouche, rend cette bouche "impure" au point que la sagesse elle-même, se trouve entachée d'impureté. Mais si la Techouva est accomplie, la sagesse retrouve sa place et sa lumière. Nos Sages se servent souvent des versets de ces passages du Lévitique, n'ayant aucune implication pratique de nos jours, pour en dégager un enseignement moral.

Le premier verset cité au début de ce texte peut donc être lu de la manière suivante : il arrive à des gens d’avoir des velléités de repentance ou de retour à la tradition, à ses racines, à la lumière et à la vérité, des moments d’exaltation ou des instants de fort désir d'élévation spirituelle. En fait, ces sentiments apparaissent très vite superficiels, car le fond de l'être n’est pas toujours préparé à une révolution totale de sa vie.

Le seul moyen de tirer un bénéfice spirituel de ces moments exceptionnels est de s'attacher à un Tsadiq et de rechercher un milieu favorable à l'éclosion de cette spiritualité naissante. Livré à lui-même, l’individu n'arrive pas à savoir comment diriger ses efforts. Il faut une référence pour exploiter au maximum ces instants fugaces. C'est ce que suggère la lecture symbolique du verset: Si un homme "sent sur sa peau" quelques instants de Sééth, d'élévation et d’exaltation, de Sapahath, de sentiment de rapprochement ou de Bahéreth, de clairvoyance, même si ce n’est qu’au niveau "de sa peau", superficiellement, ils sont le signe de la découverte en lui d'un mal profond et caché. Alors il faut "amener cet homme chez le prêtre", chez le maître, chez le Tsadiq, afin qu’il lui montre le chemin du véritable repentir.

Dans ces propos, nous trouvons une indication à la quête de spiritualité que connaissent nos jeunes aujourd'hui. Ils ne peuvent étancher leur soif de connaissance et d’absolu que s'ils ont la chance de rencontrer des maîtres véritables ou un milieu propice à l’éclosion de leur quête et s’ils ont la sagesse de ne pas se fier à n’importe quel gourou de pacotille.

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