Paracha Vaera: le libre arbitre
Ainsi, la destruction de Sodome et de Gomorrhe a été le résultat du dépassement de la limite tolérée en matière de violence. Auparavant, la génération du déluge a vu la fin du monde pour avoir dépassé le « seuil » acceptable dans le domaine de la perversion. Plus tard, le Premier Temple et le Second Temple furent détruits à la suite du dépassement du "seuil" admis en matière d'infidélité à l'alliance divine.
D.ieu endurcit le cœur de Pharaon
Selon la Torah, l’être humain a la possibilité d'un choix entre le bien et le mal. Tout le système de récompense et de châtiment ne peut se justifier sans l’existence de ce principe fondamental du "libre arbitre" dont jouit tout être humain.
Comment comprendre alors que l’Eternel intervienne pour endurcir le cœur du Pharaon et le punir ensuite pour son entêtement dans son refus de laisser partir les Hébreux. Logiquement si le Pharaon est puni, c'est qu’il est coupable et s'il est coupable, c’est que l'Eternel n'est pas à l'origine de sa culpabilité. En effet, lorsque nous relisons le texte, nous constatons qu'à propos des cinq premières plaies, il est écrit "le cœur du Pharaon s’endurcit" ou encore "le Pharaon vit qu'il y avait le calme, il appesantit son coeur et ne laissa pas partir les enfants d’Israël".
L’équilibre rétabli
Sous la pression de son propre peuple et des plaies envoyées par l’Eternel sur son pays, Pharaon était sur le point de céder et de laisser sortir d’Egypte les enfants d’Israël. Alors l'Eternel intervint et endurcit le cœur du Pharaon. D.ieu voulait ainsi préserver la totale liberté de manoeuvre de Pharaon en le rendant insensible aux pressions des plaies. Pharaon ne profite pas de l’accalmie et de sa sérénité retrouvée pour libérer le peuple d’Israël. Au contraire, il persévère dans son entêtement et dans son refus d'obéir à l'injonction divine par l'intermédiaire de Moïse et d’Aaron.
Pharaon a été trop loin dans sa politique de refus. Il promettait de faire un geste dans le sens de la libération du peuple d’Israël et dès que la plaie cessait, il revenait sur sa parole. Cette attitude rappelle bien l’actualité quelque part dans le monde !
La coupe finit par déborder et le "seuil" était dépassé. Pharaon n'était plus récupérable. L’endurcissement de son cœur était déjà le début de sa punition. Le point de non-retour était franchi, il n'y avait plus la possibilité de faire marche arrière.
Cette illustration par un fait historique d'un principe important, se retrouve au niveau individuel et collectif. Les concessions que nous faisons au monde dans lequel nous vivons, notre laisser-aller dans l'observance des lois religieuses, finissent par devenir des habitudes qui nous masquent les véritables dangers que nous courons en tant que juifs. C'est pourquoi nous avons besoin de l’aide de D.ieu pour ne pas tomber dans l’écueil du dépassement du seuil admis, du point de non-retour.
Le grand nombre de désertions du judaïsme n’est que la conséquence directe de l'ignorance de ce principe fondamental. La Techouvah est toujours possible tant que le Juif n'a pas dépassé le point de non-retour, car au-delà de ce seuil, il est déjà mort en tant que juif. C'est ce que dit Réch Lakich à propos du verset "A celui qui veut se rendre impur, D.ieu lui ouvre les accès, et celui qui veut se purifier, D.ieu lui vient en aide " Proverbes 3,34. La maison du Père est toujours ouverte. Chacun peut y revenir même s’il s’en est beaucoup éloigné. D.ieu lui ouvre les bras et l’attend avec miséricorde, à condition de ne pas lui tourner définitivement le dos.
Pharaon n’a pas compris l’aide venue du ciel pour le sortir de son entêtement. Il a refusé de voir dans les plaies d’Egypte un signe et une chance de rédemption à la fois pour lui-même et pour le peuple d’Israël.
Grand Rabbin Jacques Ouaknin
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