Le lait de 'Hanouca !
Une coutume peu connue veut qu'à l'occasion de 'Hanouca soit consommé du fromage ! (Choul'han Aroukh Ora'h 'Haim. chap. 670.2 rapporté par le Rama). Le Rama s'explique par la suite: "en souvenir du miracle où Judith fit boire du lait à l'ennemi". Les commentateurs explicitent: lorsque la terre d'Israël était sous domination gréco-syrienne un gouverneur décréta une fois que toute fiancée - issue du peuple juif - devait cohabiter avec lui avant de se marier. Judith, la fille de Yohanan le grand prêtre, se présenta à lui, lui fit manger du fromage pour éveiller sa soif puis lui fit boire du vin. Il s'endormit. Judith prit alors son épée, lui trancha la tête et l'emmena à Jérusalem. Les soldats grecs, apercevant le trophée de Judith, s'enfuirent (Michna Broura). Il est remarquable que le Rama écrit que Judith lui fit boire du lait sans faire mention du fromage ! D'ailleurs le Kaf Ha'ha'im (commentaire sur le Choul`han Aroukh) cite une version légèrement différente ou il est dit que Judith fit boire à l'ennemi du lait et du vin.
Pourtant le Aroukh Hachoul'han (Ora'h 'Ha'im. 670-8) et le Kaf Ha'haïm (idem, 670-2) soulignent que ce miracle n'eut pas lieu à l'époque de 'Hanouca. Dès lors. pourquoi le célébrer durant cette fête ?...
Il est bien évident que ce miracle serait passé sous silence et serait tombé dans les oubliettes de l'histoire si les Sages n'avaient pas trouvé une occasion pour le commémorer. Aussi les Sages suggérèrent Hanouca puisque, comme le miracle de Judith, il y a célébration d'une victoire sur les gréco-syriens (Kaf Ha'haïm).
Judith et Déborah
Proposons une réponse quelque peu différente:
Un épisode d'une ressemblance frappante à celui de Judith se trouve dans le livre des Juges au chapitre 4: les cananéens dominaient alors la terre d'Israël. La prophétesse Déborah et les armées d'Israël se révoltèrent. Durant l'une des batailles Sissera - le général cananéen - prit la fuite et tenta de se retourner chez Yaël de la famille de 'Hever le Kénéen. Il lui dit : "Donne-moi, je te prie, un peu d'eau à boire, j'ai soif". Et elle ouvrit l'outre au lait, lui donna à boire et le recouvrit[...]. Or Yaël, femme de Hever, prit une cheville de la tente, se saisit d'un marteau, se glissa près de lui sans faire de bruit et enfonça dans sa tempe la cheville, qui resta fichée en terre : lui, fatigué, s'était endormi et mourut (versets 19 et 21) Pourquoi du lait ? Rachi explique : "le lait a des effets dormitifs".
Se découvre ainsi une particularité inhérente au lait : son aspect soporifique !
Ainsi peut-être pouvons-nous comprendre l'interdiction de consommer ensemble du lait et de la viande (cf. Ex. 23, 19 - 34, 26; Deut, 14, 21). La viande représente la force, la vitalité. Il ne faudrait pas y ajouter du lait car celui-ci amoindrirait son apport. Les forces provenant de la viande favorisent l'effort dans le service divin. De ce fait, elles ne peuvent souffrir la présence d'une influence qui voudrait endormir cette volonté de servir D.ieu. Ainsi, le lait n'apparaît pas dans la liste des offrandes qu'on apportait au Temple.
Dormir
On peut ainsi comprendre la raison pour laquelle Abraham offre à ses trois invités que sont les anges du lait et du beurre (Gen. 18. 8). En leur faisant consommer ces "somnifères", il pensait ainsi pouvoir accomplir l'injonction d'hospitalité plus longtemps !
Aussi 'Hanouca est l'occasion de nous endormir, c'est-à-dire d'endormir notre moi, de rabaisser la créature, de l'effacer et en fait de la remettre à sa place pour qu'ainsi elle puisse contempler le Créateur D.ieu. La Révélation Divine représentée par les huit bougies, les huit lumières symbolisant la lumière divine influant le cours de l'histoire : huit étant le chiffre de la messianité. Mais cette clarté divine n'apparaît que petit à petit, nuit après nuit, tout comme la délivrance finale et la Révélation de D.ieu qui ne se réalisent que petit à petit.
De même il est dit à maintes reprises dans la Torah que la terre d'Israël est "le pays où
coulent le lait et le miel". La terre d'Israël étant par excellence la terre de la Révélation divine ("Toute personne qui habite en Israël ressemble à celui qui a un D.ieu. Toute personne qui vit en exil est semblable à celui qui n'a pas de D.ieu" (Ketoubot 110b)), le juif doit s'efforcer d'y apercevoir D.ieu. en rabaissant son moi, sa volonté et ce, précisément, grâce au lait qui y coule.
Chavouot et 'Hanouca
Enfin, il est coutume de consommer des plats lactés à Chavouot. L'homme doit, en effet s'endormir, c'est-à-dire se diminuer, s'effacer, s'annuler afin de pouvoir percevoir la Révélation de D.ieu qui éclate tous les ans au temps du don de la Torah. D'ailleurs, est-ce un hasard si la valeur numérique du mot 'Halav (lait en hébreu) est de 40 ? Comme pour dire que par la consommation de lait symbolisant l'effacement de la volonté humaine, l'homme aura le mérite d'apercevoir qu'il a ingurgité les 40 jours et nuits durant lesquels Moise a appris la Torah de D.ieu. C'est ce qu'écrit le Rav S. Aviner en d'autres termes : "Avant d'avoir été écrite sur un parchemin avec de l'encre, la Torah a d'abord été gravée au plus profond de notre nature humaine".
Jacky MILEWSKI
Pourtant le Aroukh Hachoul'han (Ora'h 'Ha'im. 670-8) et le Kaf Ha'haïm (idem, 670-2) soulignent que ce miracle n'eut pas lieu à l'époque de 'Hanouca. Dès lors. pourquoi le célébrer durant cette fête ?...
Il est bien évident que ce miracle serait passé sous silence et serait tombé dans les oubliettes de l'histoire si les Sages n'avaient pas trouvé une occasion pour le commémorer. Aussi les Sages suggérèrent Hanouca puisque, comme le miracle de Judith, il y a célébration d'une victoire sur les gréco-syriens (Kaf Ha'haïm).
Judith et Déborah
Proposons une réponse quelque peu différente:
Un épisode d'une ressemblance frappante à celui de Judith se trouve dans le livre des Juges au chapitre 4: les cananéens dominaient alors la terre d'Israël. La prophétesse Déborah et les armées d'Israël se révoltèrent. Durant l'une des batailles Sissera - le général cananéen - prit la fuite et tenta de se retourner chez Yaël de la famille de 'Hever le Kénéen. Il lui dit : "Donne-moi, je te prie, un peu d'eau à boire, j'ai soif". Et elle ouvrit l'outre au lait, lui donna à boire et le recouvrit[...]. Or Yaël, femme de Hever, prit une cheville de la tente, se saisit d'un marteau, se glissa près de lui sans faire de bruit et enfonça dans sa tempe la cheville, qui resta fichée en terre : lui, fatigué, s'était endormi et mourut (versets 19 et 21) Pourquoi du lait ? Rachi explique : "le lait a des effets dormitifs".
Se découvre ainsi une particularité inhérente au lait : son aspect soporifique !
Ainsi peut-être pouvons-nous comprendre l'interdiction de consommer ensemble du lait et de la viande (cf. Ex. 23, 19 - 34, 26; Deut, 14, 21). La viande représente la force, la vitalité. Il ne faudrait pas y ajouter du lait car celui-ci amoindrirait son apport. Les forces provenant de la viande favorisent l'effort dans le service divin. De ce fait, elles ne peuvent souffrir la présence d'une influence qui voudrait endormir cette volonté de servir D.ieu. Ainsi, le lait n'apparaît pas dans la liste des offrandes qu'on apportait au Temple.
Dormir
On peut ainsi comprendre la raison pour laquelle Abraham offre à ses trois invités que sont les anges du lait et du beurre (Gen. 18. 8). En leur faisant consommer ces "somnifères", il pensait ainsi pouvoir accomplir l'injonction d'hospitalité plus longtemps !
Aussi 'Hanouca est l'occasion de nous endormir, c'est-à-dire d'endormir notre moi, de rabaisser la créature, de l'effacer et en fait de la remettre à sa place pour qu'ainsi elle puisse contempler le Créateur D.ieu. La Révélation Divine représentée par les huit bougies, les huit lumières symbolisant la lumière divine influant le cours de l'histoire : huit étant le chiffre de la messianité. Mais cette clarté divine n'apparaît que petit à petit, nuit après nuit, tout comme la délivrance finale et la Révélation de D.ieu qui ne se réalisent que petit à petit.
De même il est dit à maintes reprises dans la Torah que la terre d'Israël est "le pays où
coulent le lait et le miel". La terre d'Israël étant par excellence la terre de la Révélation divine ("Toute personne qui habite en Israël ressemble à celui qui a un D.ieu. Toute personne qui vit en exil est semblable à celui qui n'a pas de D.ieu" (Ketoubot 110b)), le juif doit s'efforcer d'y apercevoir D.ieu. en rabaissant son moi, sa volonté et ce, précisément, grâce au lait qui y coule.
Chavouot et 'Hanouca
Enfin, il est coutume de consommer des plats lactés à Chavouot. L'homme doit, en effet s'endormir, c'est-à-dire se diminuer, s'effacer, s'annuler afin de pouvoir percevoir la Révélation de D.ieu qui éclate tous les ans au temps du don de la Torah. D'ailleurs, est-ce un hasard si la valeur numérique du mot 'Halav (lait en hébreu) est de 40 ? Comme pour dire que par la consommation de lait symbolisant l'effacement de la volonté humaine, l'homme aura le mérite d'apercevoir qu'il a ingurgité les 40 jours et nuits durant lesquels Moise a appris la Torah de D.ieu. C'est ce qu'écrit le Rav S. Aviner en d'autres termes : "Avant d'avoir été écrite sur un parchemin avec de l'encre, la Torah a d'abord été gravée au plus profond de notre nature humaine".
Jacky MILEWSKI
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