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jeudi 25 septembre 2008

Paracha Nitsavim : Elle n'est pas au ciel...

"Elle n’est pas au ciel pour que tu dises: qui montera pour nous au ciel la chercher, pour nous la faire entendre et que nous la mettions en pratique ! Et elle n'est pas au-delà des mers... Elle est très proche de toi dans ta bouche et dans ton cœur, pour être accomplie" (Deutéronome 30/12-14)

L’action, expression de la foi

Elle ?! De qui ou de quoi s’agit-il ? Le verset précédent nous inciterait à interpréter ce passage en l’appliquant à la Mitzvah " car cette Mitzvah que je te prescris aujourd'hui n'est pas trop élevée pour toi ni trop lointaine ". "La Mitzvah" serait le commandement divin en général, sans distinction, étendu à toute la Torah. Cette première interprétation concerne donc le caractère de proximité de la Torah. Elle est donc à notre portée. Nous pouvons la mettre en pratique si nous le voulons. Il n'existe pas d'impossibilité à la vivre en tous temps et en tous lieux.

D’après Sforno, la Mitzvah particulière dont il s'agit ici, ne nécessite pas une révélation spécifique ni l'intervention de prophètes, ni l'expérience des générations, et c’est la Techouvah, le repentir, la conversion à Dieu, le retour à l'Eternel.

C’est pourquoi Moïse dit aux enfants d'Israël: "Ne trouvez pas d'excuse en disant, qui irait pour nous au ciel pour la prendre et nous la faire entendre", pensant aux Prophètes dont la vocation est de transmettre le message divin, ni "qui irait au-delà des mers...", faisant allusion aux sages qui demeuraient loin. La Techouvah est proche de toi, c'est même la seule chose qui soit vraiment entre les mains de l'homme. En effet, nos textes affirment "Tout est entre les mains de Dieu", la vie, la santé, la richesse, les évènements de notre vie, etc... Ce qui est entre les mains de l'homme, c'est uniquement la crainte de Dieu. Personne ne peut m’obliger à croire, à avoir la foi, à craindre l'Eternel. La Techouvah fait partie de la foi, la Techouvah est entre mes mains. Moi seul, je peux décider du choix de ma vie spirituelle, quel que soit le niveau de ma vie matérielle. Il existe des croyants dans toutes les couches sociales, comme il existe des incroyants partout. La richesse est une épreuve pour la foi comme la pauvreté elle-même est une épreuve pour la foi.

La Techouva

Le concept de Techouvah est simple: le péché peut-être effacé par un repentir sincère. Se repentir est une véritable révolution dans sa vie, une orientation différente de ses aspirations, accompagnée de regrets pour l'attitude passée, pour le temps gâché. Tout cela est aisé à définir. Autre chose est le passage de la pensée à l'acte, de l'acceptation du principe du retour à Dieu, de la mise en pratique de ce processus pouvant transformer notre vie.

La Torah ne doute pas de l'intelligence humaine, mais elle n'est pas assurée que l'homme tire immédiatement les conséquences de son raisonnement. Le fait de dire une bénédiction avant l'étude de la Torah montre que cette étude est une Mitzva en elle-même, et que l'on y attache beaucoup de prix. Si l'on omet de dire la bénédiction, la Torah est alors considérée comme une science parmi tant d'autres ou simplement comme un mode d'emploi, alors que la Torah représente un trésor que l'Eternel a tenu caché pendant longtemps avant de se décider à la confier aux hommes.

La connaissance ne se maintient et ne se développe que si elle est vécue et mise en pratique, lorsque cette connaissance devient intime et fait partie de nous-mêmes. En cela, la Torah est différente de la science. La science est extérieure à l'homme, elle est du domaine de l'intelligence, tandis que la Torah concerne non seulement l'esprit, mais également le cœur, elle devient une partie intime de l’homme.

On peut être un "vaurien" sur le plan moral et être un génie scientifique dont on recherchera les leçons en matière de science, mais il n'est pas concevable d'étudier la Torah de la bouche d'un "génie" de la connaissance de la Torah qui serait un homme de peu de moralité.

La pratique religieuse nécessite la connaissance préalable certes, car l’ignorant ne peut être pieux, mais l'étude de la Torah, peut intéresser un esprit curieux, même s’il n’est pas animé par des préoccupations religieuses. Néanmoins, la Tradition nous assure que l’étude, même si elle est entreprise dans un souci de culture générale, finit par amener le juif, à connaître et à vivre son judaïsme. C’est pourquoi nos sages mettent l’accent sur l’importance de l’étude de la Torah, seule à même de susciter une vocation religieuse et un engagement sincère au service de Dieu.

Grand Rabbin Jacques Ouaknin

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