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vendredi 19 septembre 2008

Paracha Ki Tavo: les malédictions

A lire toutes les malédictions de Ki Tavo, on pourrait imaginer que l'Eternel se délecte du sort du pécheur en train de subir son châtiment. Or, il n'en est rien. Au contraire, le D.ieu d'Israël, Créateur du ciel et de la terre et père de toute l'humanité, ne se complait nullement à la mort du méchant: « Je ne prends point de plaisir à la mort du méchant, mais qu'il revienne de sa voie mauvaise et qu'il vive ».

Protection et malheur

Les malheurs qui s'abattent sur l’homme sont généralement engendrés par des péchés. Chaque faute commise donne naissance à une dynamique de chute, de situation précaire. L’homme perd en quelque sorte sa protection, il devient vulnérable. Cette idée est illustrée par la frayeur que ressent notre ancêtre Jacob marchant à la rencontre avec son frère Esaü. II dit à D.ieu : « Je suis trop petit pour toutes les bontés que tu manifestes à ton serviteur ». Jacob avait peur d’avoir péché et de n'être plus protégé, car la faute met l'homme à découvert et le rend fragile.
Si les charlatans réussissent et foisonnent un peu partout dans le monde, c’est parce qu'il est aisé d'exploiter le désarroi de l'homme. L’homme sujet à des souffrances, à des angoisses, est une proie idéale, car il est prêt à s’accrocher à n’importe que promesse de bonheur.
Il est certain que chaque faute commise crée un désordre en l’homme et dans l'univers, même si cette faute n’est pas consciente. Toute transgression détruit l'harmonie de l’univers, même si cette destruction n'est pas visible et perceptible dans l’immédiat. Il est donc naturel et logique qu'un tel désordre entraîne un malaise, une souffrance ou une grande épreuve. Tout dépend évidemment de la gravité de la faute.

La Torah nous révèle un principe d'une extrême importance. D.ieu sait que l'homme n’est pas un ange, un de ces êtres parfaits dont l’unique souci est d'accomplir sa mission à tout instant. L’homme n'est pas non plus une bête livrée à ses seuls instincts. Etre perfectible, l’homme est comptable de ses actes devant le Tribunal céleste s’il ne tend pas vers cette perfection.
Des hommes faillibles remplissent les pages de la Bible. Depuis Adam jusqu'au dernier roi d'Israël, en passant par Abraham, Moïse, David, tous les héros du peuple juif ont connu leur moment de défaillance, à leur niveau évidemment, la gravité de leur faute étant relative à leur élévation morale et à leur position sociale. En même temps que le poison, l'Eternel a créé le moyen d'enrayer les effets de ce poison : c’est la Techouva

Parapluie protecteur

Selon la tradition, la Techouva a précédé la création du monde. En effet sans cette possibilité de corriger le cours des événements, l'humanité n’aurait pu subsister. Si l’homme était toujours puni pour ses manquements ou sa révolte, il ne resterait pas beaucoup d'êtres humains sur terre. Aussi, dans sa grande bonté, Hachem a créé la Techouva. Chaque fois qu'un homme dévie de son chemin, chaque fois qu'il rompt le contrat qui le lie à D.ieu, Hachem s’arme de patience et attend que le coupable fasse Techouva et entreprenne de se réconcilier avec sa propre conscience.

Parfois, l'homme tarde à faire Techouva, alors Hachem lui envoie des épreuves pour le réveiller de sa torpeur et l'inciter au repentir: ce sont tous ces ennuis, petits ou grands, toutes ces maladies qui nous assaillent et nous font souffrir. Heureux celui qui comprend le sens de ces avertissements et qui les met à profit pour opérer une révolution dans sa vie. Il n’est jamais trop tard pour faire Techouva, quelle que soit la gravité de la faute, quel que soit le moment de sa vie. Elle est toujours bienvenue mais elle a davantage de valeur quand la personne est en pleine possession de tous ses moyens.

Dans le Talmud, il est dit « Si un homme est accablé d’épreuve et de souffrances, et qu’après avoir passé en revue tout son comportement sans rien trouver à se reprocher, qu’il considère ces épreuves comme une marque d’amour de la part de D.ieu.( Berakhot 8a). S’il est difficile au commun du peuple de comprendre ce qu’exprime le Talmud, une personne sainte et pure saisit parfaitement et apprécie cette attention divine particulière.

Les malédictions peuvent d’ailleurs se transformer en bénédictions si l’homme change d’orientation dans sa vie et emploie ses forces, hier assujetties au mal, au service du bien. Le récit de la Haggada de Pessah, en plaçant le Hakham à côté du Racha’, illustre parfaitement cette affirmation. Si le Racha’, le mécréant, employait ses forces et sa volonté au service du bien, il mériterait certainement les plus hautes récompenses. Cette espérance offerte à l’humanité est en elle-même une source de salut.

Grand Rabbin Jacques Ouaknin

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