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jeudi 14 février 2008

Chabbat : Eviter un très grave désordre

"... En réalité, il existe deux catégories de "non-ordre" : le désordre proprement dit constitue, incontestablement, une imperfection, une défaillance, un mal. Mais, à un niveau bien supérieur, le non-respect de l'ordre peut signifier progrès, dépassement, voire perfection. Ces deux dimensions apparaissent très concrètement dans le domaine de la justice, du droit civil. Commettre un vol constitue de toute évidence, une atteinte à l'ordre, et par là, un acte condamnable ; l'objet dérobé est un objet déplacé. Rendre Justice, faire procéder à la restitution de ce bien signifie rétablir l'ordre. Du reste, la justice est appelée en hébreu : Michpat - terme qui connote également le bon ordre, la correction. Mais, en ce sens, la charité, la Tsedaka - acte méritoire s'il en est, ne représente-t-elle pas aussi un manquement à l'ordre ? L'objet du don est déplacé, il quitte son propriétaire. Il s'agit là, en vérité, d'un dépassement de l'ordre.

De cette manière, s'opposent et se complètent justice et charité - Michpat et Tsedaka. Et, de même que ces deux termes sont souvent cités dans la Bible, dans une acceptation élargie, par référence à l'ensemble des préceptes de la Thora, de même ces deux dimensions du "non-ordre" embrassent-elles tous les comportements, tous les secteurs de la vie morale et religieuse. La démarche du Michpat est simplement légaliste ; celle de la Tsedaka vise à aller au-delà de la lettre, en direction de son esprit : Lifnim Michourat Hadin - au-delà de la ligne tracée par la Loi -.
Ainsi, en s'abstenant de profaner le Chabbat, on évite un très grave désordre : le sacré et le profane restent séparés. Mais si la sainteté du Chabbat parvient à déborder sur la semaine, c'est encore mieux et plus que l'ordre. Quand les soucis de la vie quotidienne s'inscrivent dans la maison d'étude, et lorsque le "bruit de la rue" résonne dans la synagogue, règne la confusion. Mais si l'élévation spirituelle, acquise dans l'étude et la prière, reste vivace durant les occupations temporelles, l'ordre est bousculé et surpassé."

Extrait de "Vers un dépassement de l'ordre ?" par le Grand Rabbin Michel Gugenheim, Information Juive mars 1983

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