La bénédiction du soleil

Birkat Ha’hama, bénédiction du soleil
La prochaine Birkat Ha’hama aura lieu le mercredi 8 avril 2009. Ce jour coïncidera avec le 14 Nissan, veille de Pessa’h 5769.
La Birkath Ha‘hama est récitée tous les vingt-huit ans, durée du cycle solaire. Selon le Talmud (1), le soleil retrouve alors la position qu’il occupait lorsqu’il a été créé, et la tradition nous apprend qu’il a été créé au moment de l’équinoxe du printemps. Sa création a eu lieu le quatrième jour (2).
Il est vrai que la date du 8 avril n’est pas celle de l’équinoxe du printemps, qui aura lieu le 20 mars 2009.
Il faut savoir cependant que des différences, parfois minimes, mais significatives, se sont présentées dans les divers modes de calcul de l’année, c’est-à-dire la durée de la révolution de la terre autour du soleil :
Celle-ci fait l’objet d’une discussion entre les Sages du Talmud. Selon Chemouel la durée d’une année est de 365 jours 1/4 (6 heures), cette durée étant celle de l’année « julienne ». Elle coïncide avec le cycle des saisons. Retenue par la Tradition pour le calcul du calendrier, cette année a une incidence sur le calcul des fêtes car elle est prise en compte pour le calcul des Tekoufot (3) des équinoxes et des solstices. Lorsque l’écart entre cette année solaire et l’année lunaire augmente jusqu’à approcher la valeur d’un mois lunaire, on ajoute le mois supplémentaire de Adar II. On est ainsi tout naturellement amené à répartir les années embolismiques au sein du cycle lunaire qui s’étend sur 19 ans de la manière suivante : les années 3, 6, 8, 11, 14, 17 et 19 sont des années embolismiques.
Selon Rav Ada bar Ahava, l’année solaire est de 365 jours 5h 997 ‘halakim (4) et 48 régaïm (5) ( soit 365 jours, 5 heures, 55 minutes et 25 et 27/57 secondes ; soit une différence d’un peu moins de 5 minutes par an ou d’une journée tous les 314 ans).
Ajoutons que, selon le calendrier grégorien, l’année dure 365 jours, 5 heures, 49 minutes et 12 secondes, et selon les données astronomiques modernes 365 jours, 5 heures, 48 minutes et 46 secondes.Ce sont ces différences qui sont probablement à l’origine du décalage de la date de la birkath ha‘hama par rapport à celle de l’équinoxe du printemps.

A propos de Birkat Ha‘hama et du cycle solaire
Les astres ont été créés le quatrième jour de la Création (Genèse I, 17), c’est-à-dire un mercredi, raison pour laquelle la birkath ha‘hama est toujours récitée le mercredi.
Selon l’opinion de Rabbi Eliezer, le Monde a été créé en Tichri, alors que selon Rabbi Yéochou’a il a été créé en Nissan. On suit l’opinion de Rabbi Eliezer pour le compte des années, alors que l’on suit Rabbi Yéochou’a pour les Tekoufot (saisons) (6).
A partir de ce mercredi du mois de Nissan de la Création (7) (selon l’avis de Rabbi Yéochou’a), se succèdent les cycles annuels du Soleil de 365 jours ¼, soit 52 semaines et 1 jour ¼. Chaque année, le supplément aux semaines est de 1 jour ¼. Au bout de 4 ans le soleil a effectué un cycle complet retournant à la même place qu’au moment de la Création. Il a effectué un Ma’hzor Katane, cycle petit. Dans ce cas, pourquoi ne pas faire la Birkat Ha’hama à ce moment ? Parce que le Soleil ne peut se retrouver à la même place le même jour de la semaine qu’au moment de la Création qu’après un cycle de 28 ans !
Au bout de 28 ans, on cumule 28 x 1 j ¼ = 35 jours, c’est-à-dire un nombre entier (7x5) de semaines. Le cycle du Soleil se situe alors dans un même moment de la semaine que celui du début, le quatrième jour de la Création. Ce cycle solaire de 28 ans est appelé Ma‘hzor Gadol, cycle grand.(8)
Le millésime de la première année est 1. Ainsi, lorsque le reste de la division du millésime d’une année juive par 28 est égal à 1, on entre dans un nouveau cycle solaire, identique à celui de la Création. On récite alors la Birkat Ha‘hama, Bénédiction du Soleil (9).
Par principe, dans une année de Birkat Ha’hama, la Tekoufa de Nissan tombe un mercredi à la première heure (0 heure) du calendrier hébraïque, soit un mardi 18h du calendrier civil. Durant 2 siècles, le XXe et XXIe, ce mercredi est nécessairement un 8 avril par une synchronisation avec le calendrier civil, qui lui aussi est solaire.
Cette bénédiction est récitée aussitôt que possible, dès le lever du Soleil. Les décisionnaires (10) limitent ce moment à 3 heures après le lever du Soleil, car au-delà, le Soleil a sensiblement quitté sa position initiale dans le ciel. Ces heures sont saisonnières. A Nancy, cela correspondra le 08 Avril à 9h30. La Birkat Ha’hama suivra l’office du matin qui aura lieu le 8 Avril 2009 à 7h00 et sera récitée après l’office du matin à 08h30 dans la cour de la Synagogue 19, boulevard Joffre en présence de tous. Cette mitswa exceptionnelle ne doit, eu égard à sa rareté, échapper à personne. C’est pourquoi vous êtes tous invités à participer à cette grande mitswa
Si le ciel est nuageux et que le soleil n’est pas visible on peut réciter cette bénédiction jusqu’à ‘hatsot hayom (milieu de la journée) (11) soit 13h35. Passé ce délai, on ne pourra plus réciter la bénédiction avec le Nom de D.ieu (béchem ou malkhout).

Grand Rabbin Daniel DAHAN
Vous trouverez les explications astronomiques dans l’excellent ouvrage de Roger STIOUI “Mesures juives du temps” paru aux Editions Colbo - Editions du Sceptre.

1 - Berakhoth 59b selon l’enseignement d’Abayé
2 - Genèse I, 14-19
3 - Moment précis de l’année solaire qui marque le début d’une saison.
4 - Fraction de temps qui correspond à une fraction de l’heure solaire calculée ainsi. 1’hélek=3600/1080=3,3333…. Secondes
5 - 1 réga= 1’hélek/76
6 - Birké Yosseph Ora’h ‘Hayim ch. 229, § 1 au nom des Responsa Masset Biniamin ch.101
7 - Cf Rosh Hashanna 8a; Tossafot s.v. Litkoufot
8 - cf Berakhot 59b; Rashi s.v. Shabtay
9 - Choul‘han ‘Aroukh, Ora‘h ‘Hayim ch. 229, § 2
10 - Maguen Abraham ibid ; § 5 ; Levouch ; ,ibid
11 - Suivant l’opinion de la majorité des décisionnaires ( Malbouché Yom Tov ; Noda Biyouda, ‘Hida ; Yaavetz…etc) rapportés par le Rav Tsvi COHEN dans son ouvrage « Birkat Ha’hama ; Halla’hot ouminhaguim hachalem » p 148-153. Telle est aussi l’opinion du Rav Y.M. TOUKHATCHINSKI dans son ouvrage “Sefer tekoufat Ha’Hama Oubirkhata” p 64-65